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Influence du coût de refinancement des banques sur les conditions de financement des entreprises

Par 26 octobre 2012Aucun commentaire4 minutes de lecture
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Explication de l’évolution des taux de prêts bancaires aux entreprises

Coût de refinancement des banques

A cause des crises financières certains établissements bancaires se retrouvent en difficulté et les banques ne se font plus confiance entre elles. Cette situation entraine une crise de liquidité, c’est à dire que les banques ne se prêtent plus d’argent sur le marché interbancaire. Pour remédier à cette situation bloquante pour l’économie, la Banque Centrale Européenne joue son rôle de préteur en dernier ressort à des taux bas.

Désormais les liquidités sont accessibles à un taux de 0,75% pour les banques françaises auprès de la Banque Centrale Européenne et sur une durée allant jusqu’à 3 ans. On parle de LTRO, littéralement opération de refinancement à long terme.

Malgré des conditions de refinancement au plus bas grâce à des taux directeurs en baisse depuis le début de la crise des Subprimes, Bâle 3 pourrait majorer le coût du crédit bancaire de 10 à 20% pour les entreprises.

Les liquidités obtenues auprès de la Banque Centrale Européenne apaisent légèrement des tensions sur les taux et rétablissent la confiance entre les acteurs.

Cependant ces liquidités à 0,75% ne représentent qu’une petite partie des besoins en ressources longues des banques françaises. Ces dernières doivent toujours se refinancer grandement sur les marchés à des taux supérieurs.

Source du graphique : Global-Rates.com

Selon une étude de SIA Conseil, le coût du passage de Bâle 2 à Bâle 3 sera de près d’1 milliard d’euros, dont 540 millions d’euros pour les 8 plus gros acteurs français, ce qui va pousser les banques à économiser leurs ressources et à chercher d’autres sources de revenu.

Impacts sur les conditions de financement des entreprises

Les ressources deviennent une denrée rare pour les banques, des ressources qui apparaissent encore plus chères lorsque les banques décident de financer des entreprises en moins bonne santé financière. En effet Bâle III favorise le financement des entreprises de qualité au détriment des entreprises moins bien notées pour lesquelles les banques doivent allouer plus de ressource au passif de leur bilan.

Pour éviter de subir la hausse du coût du crédit, les entreprises à la recherche d’un financement vont devoir mieux communiquer auprès des agences de rating et de la banque de France pour rassurer les banques. Les directeurs financiers corporate s’attendent aussi à accepter des conditions de marges plus élevées en faveur du banquier ou à donner plus de garantie.

Par ailleurs les entreprises s’organisent pour se financer via un pool bancaire (négociations bilatérales avec chaque banquier) plutôt qu’en crédit syndiqué pour esquiver de nombreux frais et commissions sur lesquels les banques tentent de récupérer du produit net bancaire.

Dans le but de rééquilibrer leur bilan, les banques vont tenter d’imposer des maturités de financement moins longues, objectif difficile car il s’agit du critère privilégié des entreprises. De plus Bâle III pourrait se traduire par un renchérissement du coût du crédit aux entreprises de plus de 150 point de bases.

Une réflexion confirmée par la Société Générale dans une étude pour Les Echos, la liquidité et les fonds propres devenant des ressources rares, le projet de Bâle III va avoir des impacts sur l’offre bancaire.

On peut s’attendre à un rehaussement de la tarification des crédits, notamment pour les entreprises ayant un rating faible ou un risque de crédit élevé.

David Audran

Responsable du blog CultureBanque. Expérience professionnelle en banque de détail, finance d'entreprise et analyse financière.

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