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Les solutions alternatives de financement sont-elles crédibles ?

Par 31 octobre 2012Aucun commentaire6 minutes de lecture

Coût de financement pour les entreprises

Les financements alternatifs sont particulièrement intéressants pour leur souplesse, tant au niveau de la maturité des emprunts que des conditions d’octroi.

Les crédits bancaires classiques effectués uniquement par les banques, ont des maturités qui diminuent car les banques restructurent leur bilan pour s’adapter à la réglementation prudentielle. Ainsi il est de plus en plus rare pour une entreprise de trouver un financement supérieur à 5 ans. Aussi les entreprises s’engagent dans de longues négociations en pool bancaire pour obtenir des conditions de remboursement revolving plutôt que par amortissement. Des covenants sont généralement précisés et le coût du crédit est celui de l’Euribor 3 mois plus une marge.

Les obligations publiques permettent de financer les entreprises sur une durée plus longue, de 5 à 7 ans et à taux fixe. Les prêteurs sont des établissements financiers divers tels que les sociétés de gestion, les assureurs ou les banques… Le financement obligataire public présente un inconvénient pour la majorité des entreprises car le ticket d’entrée débute à plusieurs centaines de millions d’euros et demande souvent une notation externe de l’entreprise ; ce qui impose alors une transparence totale de l’information financière (cotation), et exclut la plupart des entreprises ETI, PME et TPE.

Les financements obligataires privés sont réalisés par des acteurs non-bancaires. Ces financements sont particulièrement intéressants car leur maturité atteint parfois 10 ou 12 ans. En effet les sociétés de gestion qui proposent ces solutions parviennent à trouver des investisseurs à long terme notamment aux Etats-Unis. Les conditions de financement sont très souples car il est possible de convenir d’un remboursement amortissable ou revolving. Ce type de prêt s’adresse à un grand nombre d’entreprises car le montant minimum des crédits est d’une dizaine de millions d’euros. La notation externe n’est pas toujours exigée et le taux d’emprunt peut être fixe ou variable selon les négociations.

Intérêts stratégiques

Pour les banques

La règlementation prudentielle et le durcissement des conditions d’emprunt poussent les entreprises à diversifier leurs sources de financement. Les banques ont intérêt à accompagner les entreprises dans cette évolution structurelle du marché pour ne pas se faire remplacer par des acteurs non bancaires.

Ainsi les banques assument cette tendance de désintermédiation. Elles proposent des fonds et des produits structurés aux investisseurs pour continuer à financer les entreprises sur le long terme D’ailleurs BNP Paribas Securities Services a mis en place un service dédié aux investisseurs tels que les gestionnaires d’actifs, les sociétés de gestion, les investisseurs alternatifs ou les courtiers. C’est le pôle Market and Financing Services, qui développe ces solutions d’investissements sophistiquées. Le Crédit Agricole Ile-de-France a choisi d’accompagner la diversification des financements des entreprises. Une équipe Origination s’occupe de guider ses clients pour mettre en place des financements obligataires et pour rechercher des fonds propres. La Société Générale CIB a une équipe dédiée aux Obligations de financement de projets, un mode de financement très prisé des investisseurs américains même pour les sociétés moins bien notées pour le marché du high yield. Ce marché est constitué d’entreprises avec des signatures moins bonnes, donc le coût de financement est plus élevé pour l’entreprise et la rémunération du risque est plus importante pour les investisseurs.

Pour les entreprises

Pour l’entreprise cette diversification des ressources financières peut avoir un intérêt stratégique. Par exemple la dette obligataire présente plusieurs formes que la direction financière doit prendre en compte dans ses choix :

  • L’obligation convertible en action : c’est une obligation qui selon l’objectif du détenteur, peut être convertie en action à échéance.
  • L’obligation remboursable en action : cette obligation peut-être remboursée en action à tout moment.

Mais en dehors du financement obligataire assez facile à maitriser, les autres solutions de financement alternatives sont plus complexes.

En effet, les entreprises doivent appréhender de nouvelles méthodes de financement et négocier avec des investisseurs divers, dont les exigences sont très variables. Le coût de ces financements est souvent supérieur au crédit bancaire, ce qui est normal car ils s’adressent à des entreprises qui ne rentrent plus dans les critères des banques, à cause de leur faible notation (parfois même l’absence de notation), leur santé financière fragile ou des demandes de financement à maturité longue.

De plus, les nouveaux investisseurs tels que les assureurs ou les sociétés de gestion, ne disposent pas encore de toutes les compétences internes pour définir leurs choix d’investissements et gérer les risques corporate (notamment PME). C’est pourquoi ils préfèrent s’orienter vers les grandes entreprises et l’immobilier dans un premier temps, avant de financer les PME dont les risques ne sont pas maitrisés

D’autres financements comportent des avantages stratégiques pour les entreprises. C’est le cas de l’introduction en bourse qui apporte de la visibilité aux investisseurs publics, mais avec des contraintes plus ou moins supportables comme les exigences de résultats à court terme et la transparence des informations.

Quant au capital investissement et sa vision à plus long terme, il permet de garder une certaine discrétion dans les décisions importantes avec des conseils de la part des associés.

David Audran

Responsable du blog CultureBanque. Expérience professionnelle en banque de détail, finance d'entreprise et analyse financière.

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