Les banques françaises sont soumises à une réglementation bancaire forte et le modèle de Banque Universelle est menacé par des réformes gouvernementales (VICKERS, VOLCKER puis LIIKANEN) .
Les banques se réorganisent avec des solutions commerciales et financières pour adapter leur bilan, cependant cette nouvelle organisation pourrait impacter le financement de l’économie réelle
Le rationnement probable du financement de l’économie réelle
Avec les crises des dettes souveraines et le manque de liquidité du marché interbancaire les contraintes prudentielles pèsent encore plus lourd sur l’activité des banques. Le renforcement des fonds propres va inévitablement passer par une réduction de l’exposition aux risques. De nombreuses créances sont cédées par les BFI et des activités sont abandonnées comme par exemple le private equity (nécessitant des investissements initiaux trop importants), l’immobilier ou le crédit à la consommation.
La réglementation prudentielle comporte des aspects contradictoires. En effet l’objectif initial est d’empêcher les banques de faire faillite pour protéger l’économie. Mais finalement, l’ensemble des exigences imposées aux banques augmentent le coût des fonds propres et renchérissent les crédits à l’économie réelle. Un ralentissement de la croissance est à prévoir.
Si le rationnement du crédit n’a pas été effectif en 2011, les entreprises prennent les devants : les demandes de crédit aux PME du Crédit Agricole IDF sont en baisse de 9.2% en 2011. En effet elles ont plus souvent recours à l’autofinancement, d’où une décollecte au niveau de la trésorerie.
Les banques françaises ont tenu leur promesse avec des encours de crédit en hausse en 2011, particulièrement pour les TPE (Très Petites Entreprises) et les PME (Petites et Moyennes Entreprises). La distribution de financements aux grandes entreprises s’avère moins dynamique car ces entreprises disposent d’une trésorerie reconstituée et d’un accès au marché obligataire. BNP Paribas affiche des encours de crédit aux entreprises en hausse de 3,1% sur l’année, 5,2% pour BPCE, 4,2% pour le groupe Crédit Agricole et 3,4% pour la Société Générale.
Les encours de crédit sont en hausse pour le moment. Cependant les financements à long terme coutent de plus en plus cher à cause des normes de Bâle III. Les banques devraient par conséquent réduire la voilure ces prochaines années.
Vers un financement plus désintermédié
Les banques devraient réduire la voilure du crédit mais pour compenser ce désengagement elles peuvent partager les risques avec d’autres acteurs.
Les assureurs sont en première place pour financer l’économie réelle avec les banquiers. Les actifs longs en financements d’entreprises des banques peuvent permettre aux assureurs de diversifier et d’allonger la maturité de leurs actifs généralement plus courts constitués de titres souverains. Par exemple CNP Assurance investit désormais dans des fonds de dettes constitués de prêts à l’immobilier commercial pour diversifier son risque.
Les compagnies d’assurances sont très sollicitées par les banques, ces dernières proposent des portefeuilles de crédit pour alléger leur bilan. Le désengagement des banques concerne en premier lieu l’immobilier mais s’oriente aussi vers le financement des entreprises dans l’aéronautique ou le transport maritime.
Les sociétés qui ne sont pas soumises à Bâles 3 peuvent aussi intervenir aux côtés des banques comme les fonds de pensions ou les sociétés de gestions d’actifs. Les banques proposent parfois des solutions d’affacturage qui peuvent se révéler efficace. Mais cette solution s’adresse seulement au poste client et ne résout pas le problème des financements à long terme.
Enfin la titrisation est une solution envisageable mais très règlementée depuis la crise des Subprimes.
Le fonctionnement normal d’une banque est d’accorder des prêts et de conserver les risques dans leur bilan. Mais Bâle III oblige les banques à transférer leurs risques vers des sociétés non bancaires.
Un nouveau modèle qui placera la banque au rang d’originaire de prêt, puis de distributeur pour laisser les autres acteurs conserver les risques.