Skip to main content

Investir dans les matières premières

Par 18 février 2013Aucun commentaire12 minutes de lecture

Parmi l’ample choix d’investissements que l’on peut trouver sur les marchés financiers, l’un des plus intéressants est sans aucun doute les matières premières. Que ce soit l’or, le blé ou le pétrole, ce qu’il faut savoir avant tout est que ce type d’instruments d’investissement se négocient avec des contrats à terme. Cela implique le choix d’un horizon de temps précis avant de prendre position sur le marché.

=> Profiter de nos conseils pour optimiser votre épargne en ligne

Les matières premières désignent l’ensemble des ressources naturelles (l’or, le blé, le coton, le pétrole, le cuivre, etc.) utilisés dans le processus de production du secteur industriel. Ces matières premières, aussi appelés commodities, sont échangées aujourd’hui à travers des produits dérivés (futurs, options, warrants, forwards, swaps). Il est ainsi possible de négocier des matières premières  soit sur des marchés organisés (bourses, marchés à terme) soit sur le marché de gré à gré ou OTC (Over-the-counter). Les échanges de comodities s’effectuent notamment à travers le CME group, dont le CBOT (Chicago Board Trade) et le CME (Chicago Mercantile Exchange), le COMEX (New York Commodity Exchange) et le NYMEX (New York Mercantile Exchange) font partie. Au niveau européen, on trouve aussi deux places boursières très importantes dans l’échange de matières premières : l’ICE (Intercontinental Exchange) et le LME (London Metal Exchange). Ces marchés proposent une offre assez large de contrats sur matières premières.

Conseils pour investir dans les matières premières

Sur ce type de marché, il existe deux options par rapport au capital de départ et au profil de l’investisseur :

  • Ainsi, si l’on dispose d’un capital de départ important, le plus recommandable est de structurer un portefeuille avec des contrats à terme. En outre, lorsqu’on décide d’investir sur des contrats à terme il faut savoir que plus  l’échéance du contrat est longue moins le risque et la volatilité sont importants.
  • La deuxième option d’investissement est destinée aux investisseurs avec un capital de départ plus faible. Dans ce cas, la meilleure option est d’acquérir des OPCVM (Organismes de placement collectif) indexés sur les cours des matières premières.

Concrètement, une fois que l’on a décidé d’investir ses ressources dans le marché des matières premières, il existe deux options :

  • Prendre position sur les marchés à terme :

À l’origine, les futurs (ou contrats à terme) étaient utilisés notamment par les operateurs industriels et miniers afin de se couvrir des risques liés aux variations futures de cours. Il s’agit ainsi de produits dérivés, car leur prix est directement lié à l’évolution des prix du bien sur lesquels ils portent (le sous-jacent). Toutefois, aujourd’hui ce type de contrats est utilisé comme un instrument financier de spéculation, dont les conditions sont connues à l’avance, portant sur une quantité déterminée de sous-jacent, qui sera échangée à une date future (échéance) à un prix fixé aujourd’hui. Il est ainsi possible d’acheter (prendre une position longue) ou de vendre (prendre une position courte/ à découvert) un contrat à terme. Dans le deux cas, l’investisseur s’engage à acheter/vendre l’actif sous-jacent à une date ultérieure et à un prix déterminé aujourd’hui.

Dans ce type de marché il est cependant possible d’acheter ou de vendre un contrat à terme sur une matière première à tout moment, tenant compte que son cours évolue en fonction de l’offre et de la demande. Ce type de contrats reste toutefois réservé aux professionnels, en raison de la difficulté d’accès généré par son minimum d’investissement élevé et par la complexité de sa gestion administrative. Ainsi, ce sont les professionnels qui les utilisent le plus souvent afin de réceptionner ou de livrer physiquement la matière première dont ils ont besoin pour leur production, transformation ou consommation.

  • La gestion collective :

L’on peut trouver une offre assez large de fonds d’investissement collectifs composés de valeurs cotées en bourse, indexées au cours des différentes matières premières. Si l’on opte pour la gestion collective il faut tenir compte de trois catégories, à savoir : Secteur Ressources Naturelles (portefeuilles composés de valeurs cotées comme ExxonMobil ou Goldcorp), Secteur Métaux Précieux et Futurs sur matières premières. Dans la dernière catégorie l’on trouve en particulier les ETF ou trakers (un ETF a pour but de reproduire la performance d’un instrument en particulier ou d’un indice) dont les plus connus sont le Lyxor ETF Commodities CRB (répliquant la performance de l’indice CRB géré par Reuters et Jefferies) et le DJ-AIGCI de la société ETF securities Limited.

Le Lyxor ETF Commodities CRB permet aux particuliers d’investir dans l’ensemble des matières premières (agricoles, énergie et métaux). Ce tracker est composé de la façon suivante : 41% de produits agricoles (sucre, soja, maïs), 39% de produits énergétiques (gaz, mazout) et 23% de pétrole brut référence WTI. En tant qu’investisseur l’on peut choisir le portefeuille par rapport à l’exposition à certaines matières premières plus volatiles que les autres. Par exemple, si l’on veut limiter l’exposition au pétrole, l’on peut choisir l’esayETF GSCI Ultra Light Energy, dont l’exposition aux produits énergétiques, y compris le pétrole, se réduit à 29% du total du portefeuille, en augmentant ainsi l’exposition aux produits agricoles. En outre, si l’on décide d’exclure totalement l’exposition au pétrole, à ses dérivés et au gaz, la meilleure option est le Lyxor CRB Non-Energy. En ce qui concerne les frais de gestion de ces types d’instruments d’investissement, ils se trouvent généralement entre 0,3% et 0,35% par an. Les spreads vont quant à eux de 0,1% à 1,2%.

L’objectif de ces certificats est de répliquer des indices reflétant la variation des contrats à terme sur les matières premières, en éliminant ainsi les problèmes qui se posent par l’achat physique (transport, stockage) ou l’utilisation de contrats à terme. En outre, un des avantages les plus importants de la gestion collective est la facilité d’accès, grâce à un capital de départ plus faible et à des frais d’administration moins onéreux.

Risques liés au marché des matières premières

Tout d’abord, il faut savoir que le marché des matières premières présente une grande volatilité : l’évolution des cours dépend directement de l’interaction entre la demande et l’offre. Tant les facteurs géopolitiques (pour les minéraux et l’énergie) que climatiques (pour les ressources agricoles) ont un impact direct sur l’évolution des prix.  En outre, du fait que la plupart des matières premières sont cotées en dollar et les certificats en euro, le risque de change est un élément capital à retenir lorsqu’on décide d’investir sur les matières premières. Ainsi une appréciation de l’euro peut générer des pertes importantes et vice-versa.

En outre, le marché des matières premières n’est pas corrélé avec le marché des actions. Ils évoluent souvent en sens inverse. On peut ainsi aussi utiliser le portefeuille de matières premières comme un instrument de couverture afin de compenser les pertes éventuelles en bourse. Toutefois, même si les matières premières permettent de diversifier le portefeuille d’investissement et de limiter les risques, il est recommandable de limiter sa participation dans le portefeuille au maximum à 15% en raison de sa forte volatilité.

Analyse technique

En ce qui concerne l’analyse technique (analyse graphique de l’évolution du cours) du marché des matières premières, l’on dispose de plusieurs outils permettant au investisseur d’identifier les meilleurs points d’entrée et de sortie du marché par rapport à l’évolution des prix. Parmi ces outils, l’on trouve les moyennes mobiles et les bandes de Bollinger.

Les moyennes mobiles : en termes de statistiques, une moyenne mobile correspond à la valeur moyenne d’un titre sur une période donné tenant compte des données historiques de chaque unité de temps (prix d’ouverture, prix de clôture, le prix le plus haut, le prix le plus bas). La particularité de ce type d’outil est qu’il intègre dans le calcul de la moyenne le cours de la dernière unité de temps et enlève du calcul le cours le plus ancien, en éliminant ainsi les fluctuations transitoires. Cela permet de lisser la tendance du cours en la rendant plus claire. Au delà de lisser la tendance, les moyennes mobiles permettent aussi l’identification des points d’entrée ou de sortie d’une position déterminé. L’on peut utiliser ainsi des moyennes mobiles de différentes périodes de temps, par exemple, une moyenne de 10 jours, une de 20 jours, et une de 50 jours. Ainsi, lorsque la moyenne mobile la plus courte (10J) croise à la baisse ou à la hausse les deux autres (20J et 50J), il faudra prendre position dans le sens du mouvement. A l’inverse, lorsque la moyenne mobile la plus courte recroise les deux autres dans l’autre sens, il faudra clôturer la position.

Les bandes de Bollinger : Cet indicateur est composé de trois courbes : une courbe centrale calculant la moyenne mobile des données sur N périodes et deux autres courbes situées chacune à une distance de deux fois l’écart type sur les N périodes sur lesquelles on a calculé la moyenne mobile. Ainsi, cette combinaison de courbes crée deux bandes contenant le cours du titre, dont les deux courbes extérieures marquent les limites et la moyenne mobile placée au milieu sert à donner des signaux d’entrée et de sortie. Ainsi, partant du principe statistique que le cours d’un titre reviendra toujours à sa moyenne, lorsque le cours touche la bande supérieur c’est souvent le prélude d’un retour sur la bande inferieur et vice-versa.  Une fois que le prix a touché une des deux bandes, l’on utilise la moyenne mobile placée au milieu afin de confirmer le mouvement récemment entamé, généralement lorsque le cours croise cette courbe (vers le haut ou vers le bas) on en mesure de confirmer la nouvelle tendance. Cet outil permet aussi de mesurer la volatilité. Lorsque l’écartement des bandes de Bollinger est faible la volatilité des prix reste faible et vice-versa.

Analyse fondamentale

L’analyse fondamentale comprend les relations existantes entre le cours des matières premières et les fondamentaux économiques (chômage, inflation, croissance, taux d’intérêt, etc.). Ainsi, l’évolution des fondamentaux économiques a forcement une influence importante sur le comportement des prix des matières premières. Par conséquent, il faut savoir interpréter le lien entre l’information économique et l’évolution des prix des commodities afin de l’utiliser comme signaux d’entrée ou de sortie du marché.

Inflation et matières premières : le taux d’inflation et les matières premières présentent une corrélation positive, ce qui signifie que lorsque l’un augmente, l’autre en fait de même. Ainsi l’on peut utiliser les matières premières pour se couvrir contre l’inflation.

Taux d’intérêt et matières premières : Une hausse des prix des matières premières entraine une hausse des taux d’intérêt et donc  une baisse du prix des obligations.

Croissance économique et matières premières : Il existe une corrélation positive entre la croissance économique et l’évolution du prix des matières premières. Ainsi, la croissance économique des pays nécessite impérativement de la consommation de matières premières dans leurs processus productifs de leur secteur industriel. La croissance économique (exprimée dans l’évolution du PIB) fait subséquemment augmenter la demande de commodities et bien évidement le prix de ces dernières.

Secteurs économiques et matières premières : lorsque l’on décide d’investir sur le marché des matières premières il est fondamental d’analyser la performance et l’évolution des secteurs économiques qui consomment des matières premières dans leurs processus productifs et des entreprises qui les composent.

 

Ronald-Martinez

Gestionnaire de portefeuille international

Commenter