La néo-banque Nickel passe le cap du million de clients en France

Le 22 aout, Nickel franchissait le cap du million de clients, quatre ans et demi après sa création. L’opérateur a saisi l’occasion pour tenir une conférence de presse, événement qui a permis de revenir sur sa situation commerciale, son offre de produits et services et sa relation avec les actionnaires, BNP Paribas et les buralistes.

Concernant la situation commerciale de Nickel, celle-ci est au beau fixe. A signaler que Nickel est rentable « tous les mois depuis août 2017 », de quoi faire pâlir de jalousie certaines fintechs de la place, françaises ou européennes.

Pour franchir le cap du million de clients, il a fallu une moyenne de 30.000 ouvertures par mois. L’élan n’est pas interrompu avec un peu plus de 21.000 comptes trois semaines après avoir franchi le million. Nickel détiendrait 1,5% du marché des comptes à vue, ont indiqué les représentants de la fintech, faisant référence à un article des Echos du 9 juillet 2018. L’an passé, Nickel a gagné 323.000 nouveaux clients soit 25% des comptes ouverts par les banques en ligne dans l’année, soulignait le quotidien économique. Nickel vise les 2 millions de comptes ouverts d’ici 2020.

Des clients satisfaits

A quoi tient le succès de la néo-banque ? Tout d’abord, aux segments de clientèle visés. Nickel s’adresse à un segment de clientèle exclut du schéma bancaire classique. Nickel qui se targuait d’être « la banque sans banque » a capté les interdits bancaires, « grâce à l’absence de découvert ». En outre, l’ouverture de compte n’est pas conditionnée au revenu. Ensuite, Nickel a su étoffer sa gamme de produits et services avec une offre haut de gamme, Nickel Chrome, qui a conquis 40.000 clients en quatre mois. La fintech vise aussi une clientèle plus réduite comme les personnes ayant perdu leur carte bancaire dans un établissement classique et qui peuvent en obtenir une en à peine 5 minutes chez un buraliste. Autre type de clientèle : les personnes partant en voyage et souhaitant ne pas prendre de risque avec un compte qui ne peut être à découvert. Rappelons par ailleurs que Nickel est ouvert aux jeunes à partir de l’âge de douze ans.

Selon un sondage réalisé par Nickel du 14 au 20 août 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 13.700 clients, 60% ont découvert Nickel par le bouche-à-oreille. C’est dire que la recommandation est importante. En outre, 90% des clients affirment que Nickel fait mieux que leur ancienne banque et 90% des clients se sentent également plus libres dans la gestion quotidienne de leur argent.

Un réseau de distribution dense

Côté technologie, Nickel ne s’adresse pas qu’aux possesseurs de smartphone. En effet, avec la fonction dite de « SMS Banking », il est possible de recevoir des informations sur l’état du compte ou le RIB en envoyant par SMS un mot-clé, comme « solde » ou « RIB ». Par ailleurs, l’application pour smartphone va être enrichie. Elle permettra le contrôle de la carte depuis le smartphone (blocage et déblocage par exemple) mais aussi l’ajout d’un bénéficiaire externe. Il s’agit de fonctionnalités classiques de néo-banques.

Le succès tient aussi à son réseau de distribution de plus en plus dense. Les buralistes partenaires s’élèvent à 3.700. Nickel table sur 10.000 points de vente en 2020. Une force de frappe qui permet de conquérir de nouveaux clients. Un accord de distribution a été pérennisé jusqu’en 2035. Pour la commercialisation de Nickel, le buraliste suit une formation de près de 3 heures, notamment dans le cadre de la lutte contre le blanchiment.

Les buralistes ont obtenu un niveau de rémunération qui leur apporterait entière satisfaction, pouvait-on retenir de la conférence de presse. Par exemple, l’édition d’un RIB coûte un euro au client et 50 cents sont reversés au buraliste. Pourtant, selon La Dépêche.fr, à Montauban [Tarn-et-Garonne], certains « ont décidé de ne plus accueillir les bornes de la banque Nickel » en raison du « service après-vente inadapté » qui les oblige « à gérer un nombre de problèmes trop important ». Ce point n’a pas été soulevé lors de la conférence de presse. Hugues Le Bret, fondateur et président du Compte Nickel, est revenu sur la relation avec l’actionnaire BNP Paribas. L’alliance a permis des synergies opérationnelles liées à ce rachat, comme dans la lutte contre le blanchiment, la mise à disposition de data scientist, les opérations de monétique ou encore la cybersécurité.

Des challengers plus nombreux et plus forts

C’est sans doute l’heure de la maturité pour Nickel qui ne doit pas se reposer sur ses lauriers car le marché des néo-banques est concurrentiel. Si Nickel participe à ce succès, elle trouve en face d’elle des concurrents. N26 et Revolut ont une capacité rapide de mise sur le marché de nouveaux produits et services. Côté tarifs, un client Nickel paie en moyenne 41 euros par an (dont 20 euros pour la carte Classique), assez peu si on compare à une banque classique, mais qui peut paraître élevé face aux offres de base de Revolut ou N26. Si Nickel a le mérite de la transparence, certaines opérations comme le retrait au DAB coûte 1 euro. Notons aussi que les banques classiques réagissent avec des offres, comme Eko au Crédit Agricole ou Enjoy aux Caisses d’Epargne, à 2 euros par mois.

Nickel devra sans doute faire encore plus en termes d’offres de produits et de services ou renforcer les fonctionnalités de son application. Un pas a récemment été accompli. Il est en effet désormais possible de se préinscrire en ligne pour ouvrir un compte depuis un ordinateur ou un smartphone. Le process ne se fait donc plus uniquement depuis une borne Nickel située chez un buraliste.