Le 11 décembre 2018, les banques s’étaient engagées devant le Président de la République à geler leurs tarifs durant l’exercice 2019. Suite à cette stabilité tarifaire, comment les tarifs bancaires ont évolué sur l’année 2020 ? Quels sont les prix en hausse et ceux en baisse, et quels sont les nouveaux engagements des banques ? L’heure est au bilan.
Interview Sémaphore Conseil
L’analyse des données tarifaires de « l’Observatoire des tarifs bancaires » est réalisée par le cabinet Sémaphore Conseil, son fondateur Laurent Trichet nous explique les dernières tendances.
Laurent Trichet : Comme expliqué dans la première partie de l’Observatoire, l’extrait standard des tarifs (enrichi des frais de tenue de compte depuis 2014) est ultra surveillé ! Une démarche initiée en 2010, qui permet à la France d’être en avance en matière de transparence tarifaire. Depuis juillet 2019, le Document d’Information Tarifaire (Européen) est aussi très formalisé. Ce DIT doit présenter les produits et services bancaires les plus utilisés dans chaque pays .
Laurent Trichet : Comme indiqué ci-dessous, le virement effectué en agence augmente de +4,82%, c’est révélateur d’une tendance plus globale à la facturation croissante des opérations nécessitant une intervention humaine. On constate d’ailleurs la montée en puissance de modes de tarification segmentés en fonction du canal par lequel des opérations peuvent être réalisées : via l’agence, le CRC, l’interface client (via internet fixe) et l’application mobile.
Les banques en ligne se mettent aussi à segmenter la tarification selon le canal utilisé et le degré d’autonomie de l’utilisateur. En outre, même si certaines banques en ligne ont récemment lancé des offres gratuites, sans condition et basées sur une carte à autorisation systématique évitant tout incident de paiement (Hello bank! et ING), la tendance était à la forte montée en puissance d’offres gratuites sous conditions d’utilisation régulière de la carte et/ou du compte voire « tout simplement » d’offres payantes.
On remarque aussi que les banques en ligne et néobanques proposent des offres voyageurs avec des cartes internationales haut de gamme dont les assurances et assistances peuvent être moins complètes qu’avec une carte similaire mais souscrite dans une banque à réseau « traditionnelle ». Le constat est le même sur les offres dédiées aux adolescents. Les banques en ligne et encore plus les néobanques font désormais pivoter leur modèle en s’orientant vers des offres d’abonnement payantes.
Les banques traditionnelles sont dans une situation stratégique face aux fintechs et banques en ligne. Deux choses fondamentales :
– Les banques traditionnelles mettent désormais en avant les gratuités de plein de services (accès aux comptes en ligne, application, opérations réalisées en selfcare sur l’application mobile…),
– En parallèle, afin de trouver de nouveaux relais de croissance pour leur réseau, les banques traditionnelles réfléchissent activement à de nouveaux schémas relationnels où la notion de conseil serait fortement promue mais moyennant un coût plus important supporté par les clients désirant s’inscrire dans ce type de relation. Tel est le cas chez BNP Paribas et son « Service Affinité ». ce service, dédié à des clients souhaitant conserver une relation personnalisée avec leur chargé de clientèle, est facturé 12 euros par mois avec un dispositif permettant de bénéficier de réductions sur une palettes de produits et services. On peut penser que d’autres réseaux testeront ce type de service.
Faisons le point sur l’évolution des tarifs bancaires
Entre le 31 décembre 2018 et le 31 décembre 2019, les banques ont bien respecté leurs engagements et la quasi-totalité de leurs tarifs a la même diminué. Plus concrètement, 11 tarifs ont été revus à la baisse et 3 d’entre eux sont restés stables.
En revanche, entre le 31 décembre 2019 et le 5 janvier 2020, des évolutions notables ont été constatées :
- Les 3 tarifs suivants ont baissé : la mise en place d’un mandat de prélèvements SEPA (- 27,78 %), le prix des cartes de paiement (- 0,33%) et le prix des cartes à autorisation systématique (- 0.29%) ;
- Les 5 tarifs suivants sont restés stables : le coût unitaire des alertes sur la situation des comptes par SMS, la commission d’intervention, le prix des prélèvements, l’abonnement à des services de banque à distance et les virements réalisés par Internet ;
- En revanche, 6 tarifs ont augmenté : l’assurance perte ou vol des moyens de paiement (+ 0,04%), la cotisation de carte de paiement international à débit immédiat (+ 0,98%), le coût forfaitaire des alertes par SMS (+ 1,55%), les frais de tenue de compte (+ 2.19%, les retraits d’espèces (+ 2,22%), les virements effectués en agence (+ 4,82%).
Voir le rapport annuel : www.ccsfin.fr
Afin d’avoir une vision plus large, et étendue sur une longue période, observons également l’évolution tarifaire des banques entre 2012 et 2020. Globalement, trois tarifs ont fortement baissé, à savoir l’abonnement au service de banque à distance (- 98,4 %), les frais de mise en place d’un prélèvement (- 95,52 %) et les alertes sur les situations de compte par SMS (- 29 %). A contrario, les deux tarifs ayant subi les plus fortes hausses concernent les frais de tenue de compte, passant de 7,24 euros à 19,16 euros en moyenne, soit une hausse de plus 164,64 %, ainsi que le prix des virements occasionnels en agence, qui ont augmenté de 18 %.
Les engagements des banques
Dans ce contexte, les banques se sont engagées à respecter une plus grande transparence tarifaire vis-à-vis de leurs clients. Elles ont désormais les obligations suivantes :
- Établir un extrait standard des prix appliqués sur les 11 services les plus couramment utilisés et le publier sur leur site Internet ;
- Faire apparaître un sommaire clair en première page de leurs plaquettes tarifaires ;
- Respecter des intitulés précis et un ordre de présentation ;
- N’afficher que des prix hors promotions, hors packages et hors tarifs spécifiques réservés à une seule partie de la clientèle.
De même, il convient de signaler aussi que l’étude de l’Observatoire des tarifs bancaires fait encore ressortir un écart important de tarifs entre les frais appliqués par les banques en ligne et ceux affichés par les banques de réseau.