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La bande dessinée et la finance une histoire de passion ou de spéculation ?

Par 5 septembre 2013mars 12th, 20233 commentaires11 minutes de lecture

Avec le vin, la bande dessinée est souvent l’occasion de discussions informelles dans le milieu de la finance.

Abordez ce sujet à la cafétéria ou entre deux réunions et vous serez surpris par le nombre d’amateurs du 9eme art. Généralement, la plupart des interlocuteurs ignorent la face cachée de ce marché et la collectionnite aigue qu’il peut entraîner.

  • Comme pour le vin, la BD a ses grands crus ou tirages de têtes.
  • Comme pour le vin, la BD a ses millésimes ou éditions originales.
  • Comme pour le vin, la BD a son marché spéculatif sur ebay ou en salle des ventes.

Certes, certains se sont spécialisés dans la revente de dédicaces pour se générer des revenus supplémentaires (en déclenchant au passage un tollé chez les auteurs et les vrais amateurs), mais plus globalement le marché de la BD est plus un marché de passion que de réelle solution pour se générer une rente financière.

Alors entre les placements alternatifs, vin contre BD, le match est lancé…

Pourquoi investir dans la bande dessinée ?

Spirou et la concurrence par Alec Séverin

Vaste marché de collection, le marché de la bande dessinée franco-belge s’étend de la Hollande, à l’Italie en passant par l’Allemagne, le Luxembourg ; la Belgique, la France et la Suisse. Marché européen par excellence, il existe quelques ponts avec les marchés des comics américains ou celui des mangas au Japon.

Pendant des années, le BDM, ouvrage de référence de cotation des bandes dessinées, avait systématiquement retranscrit l’envolée des cours des albums originaux. Las, ces dernières années ont vu un reflux des cotations sur les albums les plus récents qui avaient nourris l’imaginaire collectif d’une spéculation systématique sur la moindre nouveauté qui s’épuisait quelques jours après sa sortie. Le marché a continué sa croissance sur ses valeurs sûres tout en laissant de la place à quelques tirages microscopiques et plutôt issus des éditeurs dits « indépendants ».

Aujourd’hui, le marché laisse quelques opportunités d’entrées si l’investisseur est sélectif et analyse bien les offres qui peuvent se présenter à lui. Certains segments du marché sont plutôt surévalués et laissent présager à court terme un krach lors de l’explosion d’une bulle spéculative.

La bande dessinée peut constituer un placement alternatif à voir plutôt sur le long terme.

Comment investir dans la bande dessinée ?

Le premier lieu d’achat de bandes dessinées se fait dans le réseau des librairies spécialisées. Le libraire accompagnera souvent sa vente d’un bon conseil et tel un caviste il pourra vous orienter vers les meilleurs crus. Pour trouver des opportunités d’investissements, vous devrez plutôt vous orienter vers les rayons « tirages de tête », « collection », « produits dérivés » ou « planche originales ». Le rayon « nouveautés » vous satisfera plutôt pour assouvir votre soif de lecture et de découvertes d’histoires fantastiques et de dessins d’une rare dextérité.

Les autres lieux d’achats possibles sont les sites de ventes aux enchères comme eBay, les salles des ventes à Paris et Bruxelles ou les galeries spécialisées. La visite d’une exposition avant une vente ou dans une galerie, vous donnera souvent l’impression de parcourir les pièces d’un musée.

Les différents marchés du 9eme art sont :

Les albums

Captivant par Yves Chaland et Luc Cornillon

Marché qui se subdivise en 2 catégories : les éditions originales et les tirages de têtes.

Le marché de la bande dessinée a cette particularité qu’il ne cote que les éditions originales des albums (sauf pour quelques classiques comme Tintin). Marché élitiste, il surcote tout album dont l’état est catégorisé comme « neuf » ou « pièce de musée ».

C’est un marché fluctuant qui a subi de nombreux chocs au cours des dernières années. En capacité de donner une cote de quelques centaines d’euros à des albums venant quasiment d’être épuisés, il peut se retourner et être délaissé très rapidement si une série n’est plus à la mode. Inutile donc d’investir dans ce type d’album où le risque est trop important et la volatilité sera souvent à la baisse.

Les grands classiques se sont envolés ces dernières années et peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros quand leur état est exceptionnel. Comme le marché du timbre, peut aussi surcoter quelques albums défectueux comme ce tirage avec faute d’orthographe des dessous de l’enquête de Blacksad.

Les tirages de têtes ou de luxe sont des albums souvent numérotés et signés par leurs auteurs. Pour nombre de collectionneurs, ils sont souvent l’objet de recherches frénétiques pour compléter des collections. Quand ils sont de grands formats et en noir et blanc, ils valorisent le travail de l’artiste dessinateur et permettent de découvrir la qualité de son trait.

Ces dernières années, les cotations de quelques-uns de ces tirages se sont envolées quelques jours après leur sortie ou au gré de circonstances exceptionnelles comme la mort de Moebius.

A titre d’exemple, le Tirage de tête de l’album « Le cimetière des éléphants » (série Freddy Lombard d’Yves Chaland) publié en 2011, vendu à l’origine autour de 200 euros, s’est envolé en quelques jours pour atteindre plus de 1 500 euros. Depuis, le cours s’est stabilisé entre 1 000 et 1 200 euros.

Les tirages de l’éditeur Golden Creek Studio (http://ow.ly/o5jmM) sont également réputés comme des « bons placements ». Rapidement épuisés, la cotation des premiers peut dépasser 500 euros pour un prix d’achat d’environ 150 euros.

Ce type de plus-value rapide est très rare et il nécessite d’être bien informé des sorties pour pouvoir se porter acquéreur. Marché de gré à gré, ces tirages font souvent l’objet de longues listes de réservations chez les libraires.

Les sérigraphies et lithographies

Hommage au Jojo de Swarte par Jacques Terpant

Marché très à la mode au cours des années 80 et 90, il s’est depuis littéralement effondré pour devenir quasiment inexistant à l’exception des sérigraphies de quelques grands auteurs.

Il est devenu quasiment impossible de trouver de nouvelles sérigraphies en librairie et ce marché devenu ultra confidentiel se concentre dans quelques galeries ou lors de salons.

En salle des ventes, seuls les tirages signés par des auteurs comme Hergé ont une cote et se vendent.

Les objets et produits dérivés

Montre du jeune Albert par Yves Chaland

Marché en crise depuis peu de temps, les nouveautés sont de plus en plus rares et se concentrent autour des blockbusters de la bande dessinée (Tintin, Spirou, …).

En salles des ventes, quelques « vieilles pièces » à tirage limité s’envolent et peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros. Pour les plus récentes, quelques statuettes comme celle de « Tintin tenant des albums » ont vu leurs prix monter rapidement avant que les éditions Moulinsart ne le rééditent.

Plus surement, ces objets décoreront souvent magnifiquement la bibliothèque d’un bédéphile et viendront enrichir sa collection visuellement.

Les originaux

Automne de Jon Mc Naught

Dernier marché qui n’a cessé de monter au cours des dernières années, les originaux de bandes dessinées sont aujourd’hui à un niveau qui rend un investissement risqué s’il n’est pas fait sur des valeurs sûres ou à bon prix.

Aujourd’hui, tous les originaux d’auteurs classiques se vendent. Les prix les plus élevés sont atteints pour Hergé, Franquin ou Bilal en salles des ventes. Souvent des records sont battus et une planche peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. Moebius vient de les rejoindre dans ce cercle très fermé.

Suivis ensuite par des auteurs dont les cotes varient de 5 000 à 15 000 euros, il faut plutôt regarder du côté des futurs classiques pour investir sans prendre trop de risques.

Pour les auteurs plus récents ayant publiés entre 1 et 20 albums et dont la pérennité à « haut niveau » n’est pas assurée, il est préférable de s’abstenir. Actuellement, cette partie du marché avec des œuvres entre 1 000 et 2 500 euros est probablement surestimée et sera la première à subir les foudres d’un krach si la bulle explose.

Il reste cependant de la place pour trouver des auteurs dont les prix des originaux restent abordables. Pour acquérir des œuvres dans ce marché, comme tout marché d’art moderne, il est préférable de bien s’y connaître. Avoir un coup de cœur pour une œuvre ou un auteur est également une bonne solution.

Quelques auteurs modernes (comme Avril, Loustal ou Lapone par exemple) partagent leur temps entre la bande dessinée et la peintures et réunissent ces deux arts. Ils sont régulièrement exposés dans des galeries ou lors de salons d’art moderne.

La femme et le phare d’Antonio Lapone

Un marché soumis aux Krach

Le journal des amis de Freddy par Jacques Terpant

Comme tout marché financier de gré à gré, le marché de la bande dessinée est soumis aux aléas de l’offre et de la demande.

Certains segments de ce marché se sont retournés très vite dans le passé et ceux ayant investis trop haut se sont retrouvés avec des positions illiquides et impossibles à vendre. La moins-value dans ce cas peut être importante.

Marché de connaisseurs, le meilleur moyen d’être certain de ne pas faire de mauvaises acquisitions reste l’achat passion. Il est toujours possible d’acquérir dans un budget maîtrisé et de se fixer des limites maximum. La patience doit être le maître mot pour acquérir l’œuvre d’un artiste à un cours raisonnable.

Conclusion

Le galérien par Stanislas

La bande dessinée a été élevée depuis quelques années au rang d’art. Nombre de passionnés investissent dans ce marché et collectionnent des œuvres qui en sont issues.

Marché fluctuant, il nécessite de bonnes connaissances et d’acquérir des albums, objets ou originaux à des prix raisonnables. Comme pour le vin, les plus grands collectionneurs ne vendent pas et dégustent la lecture de chaque album pendant de nombreuses années.

La bande dessinée a souvent mis en avant les autres arts et voici à titre d’exemple un portfolio d’illustrations sur le thème de la musique. Objet rare, il n’existe qu’à 36 exemplaires :

A lire également :

Spirou : 75 ans au service de ses lecteurs et de son éditeur : http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/industrie/autres/221178247/spirou-75-ans-service-lecteurs-et-editeur

Alban Jarry

Asset Management, Réglementation, Réseaux Sociaux

3 commentaires

  • olivier dit :

    je suis moi-même investisseur dans l’art mais je n’aurai pas pensé investir dans la BD
    En tout cas, article super intéressant !
    Merci !

  • jocelyn dit :

    Je possède une bande dessinée de 1944 qui s’appelait hérauts,donc durant la grande noirceur.Elle a été bien conservé,mais j’ignore si elle a une valeur marchande.Est-ce qu’il a une personne qui pourrait me donner plus d’information à se sujet.Merci à l’avance Je demeure au québec

  • Samailloute dit :

    La BD  » les artiste se paie la corrida » sera culte lorsque la corrida aura disparue. C’est un bon investissement spéculatif.

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