
La néobanque Revolut vient d’écoper d’une amende record de 3,5 millions d’euros infligée par la Banque centrale de Lituanie. En cause : des failles dans son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent. Il s’agit de l’amende la plus élevée jamais infligée par le régulateur lituanien à une institution bancaire. Un signal fort adressé à l’ensemble du secteur des fintechs, régulièrement pointé du doigt sur les questions de conformité.
Source : https://www.lb.lt/en/enforcement-measures-1
Si Revolut conteste tout cas avéré de blanchiment d’argent, elle admet que ses procédures internes doivent être renforcées. Elle affirme collaborer pleinement avec les autorités pour remédier aux manquements identifiés. Pour la néobanque britannique, installée en Lituanie depuis le Brexit afin de conserver son passeport européen, cet épisode illustre l’équilibre délicat entre croissance rapide et respect des normes réglementaires.
Une tendance lourde dans l’univers des fintechs
Revolut n’est pas un cas isolé. D’autres néobanques ont récemment été épinglées pour des raisons similaires. En France, Nickel a été rappelée à l’ordre en 2023 par l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) pour ses faiblesses dans la surveillance des opérations et l’identification de ses clients.
En Allemagne, N26 a connu des difficultés répétées avec le régulateur BaFin. Dès 2021, l’établissement s’est vu imposer une limitation du nombre de nouveaux clients pour éviter une dégradation de sa capacité à gérer les risques de blanchiment. En 2024, la fintech allemande a dû payer une amende de 9,2 millions d’euros pour des failles similaires.
Ces exemples rappellent que les acteurs bancaires digitaux, malgré leur agilité technologique, doivent faire face aux mêmes exigences que les banques traditionnelles en matière de conformité. Leur modèle, centré sur la rapidité d’ouverture de compte et la fluidité des parcours clients, est parfois en tension avec les exigences strictes de surveillance financière.
Vers un durcissement des règles en Europe
La pression réglementaire ne devrait pas faiblir. La création prochaine de l’AML Authority (ALMA), une autorité européenne dédiée à la lutte contre le blanchiment d’argent, qui sera pleinement opérationnelle d’ici 2028. Cela annonce une harmonisation renforcée des contrôles à l’échelle du continent. Ce futur superviseur européen ciblera notamment les établissements opérant dans plusieurs pays, comme Revolut, N26 ou Wise.
Pour ces acteurs, il ne s’agit plus seulement de se mettre en conformité, mais de démontrer leur capacité à anticiper les exigences réglementaires dans chaque pays. Car au-delà des sanctions financières, ces manquements peuvent aussi affecter leur image de marque et la confiance des clients.
La sanction infligée à Revolut rappelle donc que la conformité n’est pas une option, même pour les champions de la fintech. Transparence, rigueur et coopération avec les régulateurs deviennent des piliers incontournables pour construire une banque digitale pérenne.