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Les banques ralentissent l’activité de crédit aux entreprises

Par 1 novembre 20122 commentaires5 minutes de lecture

Les banques sont soumises à une réglementation stricte pour maintenir la stabilité du système bancaire et protéger les épargnants. En plus des normes Bâloises qui touchent l’ensemble des établissements financiers, les banques doivent supporter des réformes bancaires gouvernementales, notamment le Dodd Frank Act aux Etats-Unis, le rapport Vickers au Royaume Uni et peut-être bientôt un changement de modèle similaire en France.

Toutes ces contraintes prudentielles poussent les banques à adapter leur bilan afin d’assurer une bonne solvabilité, leur liquidité et une maitrise de l’effet levier. Dans le but de rassurer les investisseurs et satisfaire les autorités prudentielles, les banques prennent des mesures stratégiques, notamment en adaptant la structure de leur bilan.

Les banques devraient adapter leur bilan en réduisant le volume de crédit pour anticiper la réglementation prudentielle.

Le financement bancaire pendant la crise

Souvent critiquées, les banques Françaises affichent fièrement des encours de crédit en hausse, comme sur le graphique ci-dessous.

On constate que la crise des Subprimes a entrainée une baisse des encours en 2008 et en 2009, puis le montant des crédit est reparti à la hausse.

Cette évolution des encours se distingue entre les encours de crédit à moyen-long termes et ceux à court terme sur le graphique ci-dessous.

  • Les encours à moyen-long terme sont restés stables durant la période de crise, une évolution qui permet aux banques de communiquer sur leur soutien irrémédiable de l’économie réelle.
  • A contrario, les encours à court terme ont fortement baissé au plus fort de la crise. Sans concours bancaires courants, les entreprises n’ont pas trouvé le soutien de leur banquier pour leur activité d’exploitation.

Des conditions de financement favorables mais un développement au ralenti 

Pour relancer l’économie en pleine crise économique et financière, les banques centrales ont décidé de baisser leurs taux directeur fin 2008.

Ce relâchement monétaire permet de diminuer le taux de refinancement des banques Françaises et aussi les taux d’emprunts accordés à l’économie réelle. Ainsi les entreprises qui empruntaient à près de 6% en 2008, empruntent désormais à des taux proches de 2,5%.

Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, les grandes entreprises et les PME de groupes ont bien profité de cette baisse des taux. Cependant les PME indépendante garde un taux relativement élevé par rapport aux autres, notamment à cause des risques de défaillance plus prononcés sur leur activité.

La croissance mitigée du crédit bancaire

Les banques Françaises revendiquent leur soutien sans faille à l’économie réelle, mais l’étude détaillée des données publiées par la Banque de France permet de modérer les propos tenus.

  • Les crédits à moins d’un an représentés par le graphique ci-dessous, dont les encours sont de 41 milliards d’euros en janvier 2012, sont en croissance de 5% pour le total des PME en 2011 et 2012. Un simple rattrapage suite à l’abandon massif des entreprises au cœur de la crise en 2009, qui ont dû puiser dans leur trésorerie.
  • Les crédits à moyen-long terme, avec 185 milliards d’euros d’encours en janvier 2012, n’ont pas encore retrouvé leur croissance de 6% comme avant la crise comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous. Ce décalage est d’autant plus visible pour les PME indépendantes, fragilisées par la crise, envers lesquelles les banques n’ont plus confiance, ce qui coûte cher aux banques d’un point de vue règlementaire.

Un climat d’affaires dégradé

Les entreprises peinent à trouver des financements bancaires, les critères d’octroi du crédit ne sont pas favorables comme le démontre l’indicateur ci-dessous.

Après les forte tension en 2008 et 2009 durant la crise des Subprimes, les conditions de financements des entreprises restent contraignantes, même si la France est moins impactée que la moyenne Européenne.

Cette difficulté d’accès au financement auprès des banques reste importante bien au delà de la crise des Subprimes, notamment à cause de la réglementation prudentielle qui oriente les banques vers une gestion des risques plus strictes.

Les banques ralentissent l’activité de crédit aux entreprises

Le financement des entreprises ne semble plus être la priorité des banques Françaises. Comme le démontrer les deux graphiques (source : LesEchos) ci-dessous, la part du crédit bancaire en pourcentage des financements totaux des banques, est en baisse à la fois pour les entreprises et les PME.

Ce désintéressement des banques pour le financement des entreprises provient de la réglementation prudentielle pénalisante pour ce type d’activité. Les banques réorientent donc leurs actifs vers des actifs moins risqués, donc moins couteux en fonds propres.En 10 ans la part des financements d’entreprises est passée de 27% du total pour atteindre moins de 21%, soit une baisse de 6 points. Pour les PME, la part des financements des banques passe de 4,5% à moins de 3% en moins d’un an.

David Audran

Responsable du blog CultureBanque. Expérience professionnelle en banque de détail, finance d'entreprise et analyse financière.

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