Pour l’heure, Ma French Bank est en phase de test auprès de collaborateurs de la banque. Elle est disponible en pré-inscription auprès du grand public et sera lancée le 22 juillet prochain. Ma French Bank est une filiale à 100% de La Banque Postale. Elle compte 95 collaborateurs.
Avec sa banque mobile, La Banque Postale adopte un modèle hybride, pour en faire plus qu’une néo-banque, avec la possibilité de souscrire à la gamme de produits 100% en ligne et à distance ou en 10 minutes en bureau de Poste. Les produits et services proposés combinent des initiatives empruntées des fintechs et des codes des néo-banques.
Côté argent au quotidien, l’offre comprend un compte courant et une carte Visa sans contact, au tarif de deux euros par mois. Le compte peut être souscrit sans conditions de ressources. Le découvert n’est pas autorisé. Par ailleurs, en plus des assurances incluses dans les services de la carte Visa, le client a la possibilité de souscrire l’option « Mes garanties » pour 2 euros supplémentaires par mois. Elle comprend des couvertures additionnelles liées aux moyens de paiement (cartes et paiements mobiles, espèces), clés et papiers, une garantie achat et bonne fin de livraison et enfin une garantie protection de l’identité en cas d’usurpation ou de problème d’e-réputation.
La carte peut être émise instantanément en bureau de Poste ou envoyée sous 48 à 72 heures. Parmi les fonctionnalités promises : les opérations et le solde sont mis à jour en temps réel sur l’appli mobile et le site web. Autres services : la fonction « We partage », pour répartir les dépenses à plusieurs et « Let’s cagnotte », une cagnotte en ligne pour un cadeau commun. Le transfert d’argent par SMS est aussi prévu ainsi qu’un outil de catégorisation des dépenses.
La solution de paiement Apple Pay, déjà proposée aux clients de La Banque Postale, sera aussi disponible pour les clients de sa banque mobile. La Banque Postale n’a pas indiqué si elle allait proposer des solutions comme Samsung Pay ou Google Pay, qui réjouiraient les possesseurs de téléphone Android. Cependant, on peut imaginer que Paylib sera mis à disposition des futurs clients de Ma French Bank.
Concernant l’offre de crédit, Ma French Bank a annoncé la mise en place de « Mon extra prêt », un crédit renouvelable qui peut être débloqué en un clic, le montant de financement pouvant être versé instantanément sur le compte. Le client peut choisir sa « vitesse de remboursement » avec un remboursement de manière partielle ou totale du crédit depuis l’application.
En outre, le client aura accès à KissKissBankBank, la plateforme participative de financement de projets rachetée par La Banque Postale en juin 2017.
Enfin, l’offre d’épargne repose sur des fonctionnalités elles aussi empruntées des fintechs avec le service « Ma tirelire », un service d’épargne automatique s’appuyant sur un système d’arrondi ou un montant fixe qui alimente automatiquement le compte d’épargne (via un dispositif d’épargne par projet, peut-on imaginer).
Le service client, basé à Lille, est joignable à des plages horaires élargies, du lundi au samedi, de 8h à 22h. La CRC est disponible par chat ou click to call depuis l’application. C’est sans aucun doute sur le service client que Ma French Bank fera la différence avec les fintechs, même si ces dernières investissent fortement ce domaine, comme Revolut qui va ouvrir un deuxième centre de relation client à Porto au Portugal (après avoir investi dans un centre à Cracovie en Pologne). La qualité de l’application fera aussi toute la différence.
Avec Ma French Bank, La Banque Postale ne cache pas son désir de conquérir une clientèle plus jeune. Elle a clairement annoncé viser les 18-35 ans et « les clients digitaux multi-bancarisés ». Les frais réduits à 2 euros semblent incitatifs et s’alignent sur les nouvelles offres entrée de gamme, comme celles de LCL (Essentiel), du Crédit Agricole (Eko), de la Caisse d’Epargne (Enjoy) mais aussi de la banque en ligne Monabanq.
En reprenant les codes des néo-banques, La Banque Postale, avec cette nouvelle marque, se range sur les standards du marché. Mais la question de l’arrivée tardive sur ce marché se pose. La Banque Postale a devant elle de nombreux concurrents. Le consommateur peut-il se retrouver devant une offre pléthorique ? La liste ne cesse de s’allonger : Pixpay, Xaalys, Monese, N26, Ditto Bank, Morning (qui semble basculer vers le BtoB), Lydia (qui devient une néo-banque), Revolut, Nickel, C-Zam, Orange Bank, Anytime, Max d’Arkéa, Fintch, Moneway, Sogexia. Sans compter que la fintech britannique Starling Bank a prévu de s’implanter sur le marché français. En outre, de nombreuses fintechs ou banques mobiles, voire les banques en ligne hexagonales, ne sont pas toutes rentables en France.
L’expérience récente de BPCE avec Fidor démontre que le lancement d’une banque digitale ou mobile n’est pas facile, tout comme l’abandon de Soon par Axa. L’intérêt étant cependant d’occuper tous les terrains, c’est désormais chose faite pour La Banque Postale.